jeudi, septembre 18, 2008

Ah Musset!

Octave parlant de sa maîtresse : « Elle m’avait donné son portrait en miniature dans un médaillon; je le portais sur le cœur, chose que font bien des hommes; mais, ayant trouvé un jour chez un marchand de curiosités une discipline de fer, au bout de laquelle était une plaque hérissée de pointes, j’avais fait attacher le médaillon sur la plaque et le portais ainsi. Ces clous, qui m’entraient dans la poitrine à chaque mouvement, me causaient une volupté si étrange, que j’y appuyais quelquefois ma main pour les sentir plus profondément. »

Desgenais parlant à Octave : « Car j'abonde dans votre sens, et je vous dis: Aimer, c'est se donner corps et âme, ou, pour mieux dire, c'est faire un seul être de deux. C'est se promener au soleil, en plein vent, au milieu des blés et des prairies, avec un corps à quatre bras, à deux têtes et à deux cœurs. L'amour, c'est la foi, c'est la religion du bonheur terrestre; c'est un triangle lumineux placé à la voûte de ce temple qu'on appelle le monde. Aimer, c'est marcher librement dans ce temple, et avoir à son côté un être capable de comprendre pourquoi une pensée, un mot, une fleur, font que vous vous arrêtez et que vous relevez la tête vers le triangle céleste. »

« Exercer les nobles facultés de l'homme est un grand bien, voilà pourquoi le génie est une belle chose; mais doubler ses facultés, presser un cœur et une intelligence sur son intelligence et sur son cœur, c'est le bonheur suprême. »

La confession d’un enfant du siècle – Alfred de Musset

1 Comments:

Blogger Marc-André said...

J'aimerais bien porter ce genre de médaillon... ;)

19 septembre, 2008 18:58  

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